18/12/2016

Diagnostic archéologique :

Orsay, site enseignement CPMR, rue n° 3 (?)

Partie agricole de la villa gallo-romaine de Moulon

 

 

Partie agricole, partielle, de la villa gallo-romaine de Moulon

Diagnostic archéologique mené par l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives), à Orsay, quartier de Moulon, future place du Lieu de vie, nouvelle rue (rue n° 3 ?), novembre 2013.

Fouille préventive suite au diagnostic : Non, pas de décapage total du terrain.

Pendant près de 2 semaines en novembre 2013, une équipe de 3 à 5 personnes de l'Inrap est intervenue sur un terrain déboisé en octobre 2013. Surface d'un hectare dont les souches d'arbres n'avaient pas été retirées. A l'aide d'une petite pelle mécanique munie de chenilles caoutchouc, l'équipe a bravé les éléments sur un terrain gorgé d'eau, comme d'habitude à cette époque de l'année sur le Plateau de Saclay.

Ce diagnostic archéologique fut mené immédiatement à l'est des vestiges de la villa gallo-romaine, dont la partie résidentielle (pars urbana), fut partiellement fouillée dans les années 1990. La plupart des vestiges mis au jour à cet époque, notamment l'habitation du propriétaire, sont toujours visibles.
Cette opération de 2013 a permis la mise en évidence des dépendances agricoles situées dans le prolongement est de la villa gallo-romaine de Moulon.

La totalité des tranchées de sondage réalisées furent intégralement positives archéologiquement. De nombreuses structures mises au jour témoignent en particulier du fort impact de l'occupation gallo-romaine sur le secteur où est localisé le terrain diagnostiqué.

Un écho d'une occupation pendant le Néolithique est perçu à travers du mobilier isolé lithique et céramique.
Quelques indices de mobilier céramique non tournée peuvent par ailleurs renvoyer aux âges du Fer.
L'occupation gallo-romaine, la plus évidente archéologiquement, livre donc des structures dont la nature et l'organisation spatiale semblent confirmer que l'emprise diagnostiquée est localisée au niveau de la pars rustica de la villa gallo-romaine connue, ce qui était attendu.

Les recoupements entre structures observées dès le décapage, la présence de mobilier de type proto-NPR (céramique Noir à Pâte Rouge) ainsi que celle de céramique gallo-romaine plus récente confirment qu'une fouille approfondie permettrait de mettre en place un phasage précis de ces vestiges, difficile à percevoir dans toute leur subtilité au stade du diagnostic.
Depuis 2002, l'ouverture des terrains au cours du diagnostic est généralisée et limitée à 10 %. Une contrainte devenue forte pour comprendre les structures mises au jour.

Au sud et au nord de la parcelle diagnostiquée, les fondations de deux bâtiments rectangulaires matérialisent l'emprise de ce qui évoque assez nettement deux fragments de plans (même partiellement dégagés) de bâtiments d'exploitation (type granges gallo-romaines d'environ 130 m²). L'épaisseur des fondations de mur suggère que les structures porteuses pouvaient supporter une élévation importante. L'axe de ces deux unités est en outre cohérent avec celui de la partie domestique (pars urbana) de la villa fouillée par l'association AAC-CEA dans les années 1990. La relative symétrie du plan général illustre assez bien l'idée admise par de nombreux chercheurs (Ferdière, Collart...) qu'un "programme architectural" préside à l'édification d'un tel établissement.
Au centre de l'espace délimité par ces deux bâtiments et la pars urbana de la villa, les trous de poteaux ainsi que les fosses repérées pendant le diagnostic permettent de zoner un espace central constitué de bâti plus léger ou d'appentis. Certaines des fosses aménagées doivent être rattachées à une activité de stockage ou entrent dans le spectre de la transformation de produits agricoles, dans le cadre d'activités complémentaires de l'activité principale de l'établissement. Quatre parmi les fosses apparemment les plus puissantes en terme de creusement laissent supposer la présence de caves.
Chronologiquement, d'après le mobilier céramique, l'occupation antique s'étirerait du début du Ier siècle après J.-C. jusqu'au IIIè siècle.

Du mobilier en particulier céramique du XIè siècle témoigne d'une réoccupation du site à la période médiévale, sur la moitié sud de la parcelle diagnostiquée.


Concernant les connaissances archéologiques acquises au cours de la période 2006-2016, Alain Ferdière, archéologue expert du monde gallo-romain, note dans une récente publication (RACF - 12/2016) :
"...Les avancées nouvelles concernent plus en général la perception de l'occupation du sol sur de vastes aires, mais en revanche très peu la forme des établissements, avec des fouilles multiples mais souvent redondantes, les sites atypiques étant soigneusement évités par la frilosité des prescriptions, dans un consensus mou de l'archéologie préventive..."

 

Nom de l'opération : Site enseignement de la Physique du CPMR
Cause de l'opération : Construction d'un bâtiment d'enseignement, d'une nouvelle rue (Arsonval) et de logements étudiants
Aménageur : EPAPS *
Suivi scientifique : Bruno Foucray et Christian Piozzoli, Service Régional de l’Archéologie, Drac Île-de-France -- Olivier Blin, INRAP
Responsable d'opération : Frédérick Rosenberger, Inrap Centre - Ile de France


* EPAPS : Etablissement Public d'Aménagement de Paris-Saclay

Sources documentaires : INRAP      www.inrap.fr

 

 

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